L’Iran , dont le nom officiel est République islamique d’Iran , est une république islamique d’Asie occidentale (ou centrale). Sa capitale est Téhéran (ou Tehrān), sa langue officielle le persan et sa monnaie le rial. Le calendrier officiel est le calendrier persan. L'Iran était aussi connu par le nom de Perse internationalement jusqu'en 1935. Le pays a une superficie de km² et une population de près de 70 millions d’habitants. Avec un produit national brut de 570 milliards de dollars en 2005, il constitue la deuxième économie de la région. Son produit intérieur brut par habitant s’élève à 8400 dollars. L'Iran est le 4 producteur de pétrole au monde et le 2 exportateur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Il dispose aussi de la deuxième plus grande réserve en gaz naturel, après la Russie, et en est le 6 producteur.
Origine du nom
Pendant la dynastie Achéménide (550-330 av. J.-C.), les Iraniens appelaient leurs territoires Parsa du nom du royaume de Cyrus le Grand, qui appartenait à la tribu perse, et qu’on retrouve encore aujourd’hui sous la forme de Fars ou Pars, correspondant au nom de cette province d’Iran. Cependant, la totalité de l’État était alors appelée Aryanam. Ce mot est apparenté au terme Aryen, qui signifie noble , chap. 1 in The Persians, Gene R. Garthwaite, Blackwell Publishing, 2005, . À l’époque Parthe (248 av. J.-C. - 224 ap. J.-C.) Aryanam a été modifié en Aryan pour évoluer vers Iranshar et Iran à l’époque Sassanide. Les grecs utilisaient les termes Aryana et Persis pour désigner la région qui est aujourd’hui connue comme le plateau iranien , Nikki Keddie, Middle East Review of International Affairs Vol. 2, No. 3, Septembre 1998 . Le terme est passé au latin pour devenir Persia, puis en français Perse, terme qui est encore très utilisé dans les pays occidentaux et qui provoque une confusion avec la province du Fars. Au , une dispute entre intellectuels éclate pour savoir quel devrait être le nom correct du pays. Le 21 mars 1935, jour de Noruz, Reza Shah Pahlavi publie un décret demandant à toutes les relations étrangères du pays de le désigner sous le nom d'Iran dans leur correspondance officielle, en accord avec le fait que Perse est un terme utilisé pour un pays appelé Iran en persan. En 1979, la révolution iranienne a abouti à la création de la République islamique d’Iran, mais les termes Perse et Iran sont toujours largement utilisés. Géographie
Géographie physique
Carte de l’Iran L'Iran est un pays montagneux et partiellement désertique d'une superficie de km² , 2006. Au nord, il a des frontières communes avec l’Arménie (35 km), l’Azerbaïdjan (611 km) et le Turkménistan (992 km), et a 740 km de côtes sur la mer Caspienne. Les frontières occidentales sont partagées avec la Turquie au nord et l’Irak au sud, finissant au Chatt-el-Arab (en persan : Arvand Rud). Le golfe Persique et le golfe d’Oman forment l’intégralité de sa limite méridionale de 1770 km. L’Iran a un contentieux avec les Émirats arabes unis depuis les années 1970 portant sur les îles Tunbs et Abu Moussa, occupées militairement par l’Iran. À l’est se trouvent l’Afghanistan au nord et le Pakistan au sud. La distance entre l’Azerbaïdjan au nord-ouest et le Sistan et Baloutchistan au sud-est est approximativement de 2330 km. Le paysage iranien est dominé par plusieurs chaînes de montagnes qui séparent divers bassins et plateaux les uns des autres. La partie occidentale - la plus peuplée - est la plus montagneuse, avec des chaînes telles celles du Zagros et de l’Alborz (Elbourz) ; c’est dans cette dernière que se trouve le sommet le plus élevé de l’Iran, le Damāvand qui culmine à 5607 m. Le plateau iranien est la zone située entre les chaînes de montagnes localisées à l’est et à l’ouest du pays. La moitié orientale consiste essentiellement en une série de bassins désertiques inhabités (comme le Dasht-e Kavir) parsemés de rares lacs salés. Paysage dans la province du Fars. Les montagnes entourent plusieurs larges bassins, ou plateaux, sur lesquels sont situés des centres agricoles et urbains majeurs tels qu'Ispahan ou Shiraz. Jusqu’au , lorsque furent construites les principales autoroutes et chemins de fer à travers les chaînes montagneuses, ces bassins avaient tendance à être relativement isolés les uns des autres. Typiquement, une grande ville dominait un bassin, et il existait des relations économiques complexes entre la ville et les centaines de villages à sa périphérie. Dans les hauteurs des chaînes montagneuses délimitant les bassins, des groupes organisés de manière tribale pratiquaient la transhumance, déplaçant leurs troupeaux de moutons et de chèvres entre leurs pâturages traditionnels d’été et d’hiver. Biotopes d’Iran : Il n’y a pas de système fluvial d’importance dans le pays, et historiquement, le transport se faisait au moyen de caravanes qui suivaient les routes traversant les cols des chaînes montagneuses. Celles-ci empêchaient aussi l’accès au golfe Persique et à la mer Caspienne. Le climat de l’Iran est principalement aride ou semi-aride. La plaine côtière caspienne fait exception avec un climat subtropical : les températures y tombent rarement en dessous de 0°C en hiver et le climat reste humide toute l’année. Les températures estivales montent rarement au dessus des 29 °C, et les précipitations annuelles sont de 680 mm à l’est et de 1700 mm à l’ouest. Dans l’ouest du pays, les régions habitées dans les vallées des monts Zagros connaissent des températures moins clémentes, des températures moyennes en dessous de 0°C et de fortes chutes de neige. Les bassins orientaux et centraux sont très arides, avec moins de 200 mm de précipitations annuelles et des températures estivales dépassant les 38°C. Les plaines côtières du golfe Persique ont des hivers tempérés, et des étés très chauds et très humides. Les précipitations y varient entre 135 et 355 mm. L’Iran est dans une zone du globe sismiquement très instable et est régulièrement touchée par des tremblements de terre. Le 26 décembre 2003, un important tremblement de terre a frappé la région de Bam, dans le sud du pays, détruisant ainsi les vestiges de l’Arg-é Bam (citadelle et ville antique). Faune, flore et environnement
Lynx d'Eurasie La faune et la flore d’Iran, étant donnée la grande quantité de biomes et de biotopes, accueille de nombreuses espèces animales et végétales. Les zones semi-désertiques accueillent des félins et des gazelles tels le lynx d’Eurasie, le chat de Pallas, la gazelle indienne, la gazelle à goitre ou encore l’onagre du désert. Certaines sont menacées d’extinction, comme le Guépard d’Iran (Acinonyx jubatus venaticus), dont il ne reste que 50 à 60 individus. D’autres animaux sont endémiques aux régions iraniennes, comme le Tétraogalle de Perse ou le daim de Perse, qui sont aujourd’hui très rares. Les espèces d’oiseaux sont également très nombreuses en Iran : buse féroce, faucon crécerelle, aigle royal, gypaète barbu, ganga unibande dans les steppes, outarde houbara d’Asie dans les déserts. Dans les forêts de montagne se trouvent des sangliers, des ours, des cerfs et des bouquetins. La préservation de l’environnement en Iran a commencé à être prise en compte par l’État dans les années 1950, à la suite des dégradations environnementales et de la surexploitation des ressources naturelles. L’Iran s’est d’abord dotée d’une association iranienne de la vie sauvage en 1956, puis d’une organisation de la chasse et de la pêche en 1967 et enfin d’un ministère de l’environnement en 1971. Le but de ces organisations était la protection de l’environnement. Depuis le début du , les principaux problèmes environnementaux sont les suivants :
- La pollution de l’air, particulièrement dans les zones urbaines. Cette pollution a des causes anthropiques et est liée aux émissions des véhicules, aux opérations de raffinerie et aux effluves industriels.
- La déforestation
- La désertification
- La diminution de la surface des marais à cause de la sécheresse.
- La pollution par le pétrole dans le golfe Persique (due aux opérations d’extraction et de dégazage).
- La pollution de l’eau, causée par les rejets industriels et les rejets non contrôlés d’eau usée. Le plus préoccupant de ces problèmes est peut-être celui de la qualité de l’air, plus particulièrement dans la capitale à Téhéran. Le monoxyde de carbone représente une partie importante des 1, 5 millions de tonnes de produits polluants rejetés à Téhéran en 2002. Géographie administrative
L’Iran est subdivisé en 30 provinces : Les provinces sont gouvernées par une ville centrale, généralement la plus grande ville de la province. Le gouverneur de province est nommé par le ministre de l’Intérieur. Depuis 2004, la province du Khorassan est divisée en trois provinces, augmentant le nombre des provinces de 28 à 30. Chaque province (Ostān) est divisée en départements (Shahrestān), eux-mêmes divisés en cantons (Bakhsh), qui regroupent une dizaine de villes (Shahr). Les villages (dehestān) sont la plus petite unité administrative ; ils sont rattachés aux villes. La structure administrative de l’Iran change très régulièrement. En 2005, l’Iran comptait 324 départements, 865 cantons, 982 villes et 2378 villages Number of shahrestans, bakhshes, cities and dehestans according to the administrative divisions, , 1383/2005. Histoire
L’Iran possède l’une des civilisations continues les plus anciennes du monde. L’histoire de l’Iran couvre des milliers d’années, depuis les civilisations antiques du plateau iranien, la civilisation des Mannéens en Azerbaïdjan, de Shahr-i Sokhteh (« Ville brûlée ») dans le Sistan, et l’ancienne civilisation de Jiroft, suivie du royaume d’Élam, de l’empire Achéménide, des Parthes, des Sassanides jusqu’à l’actuelle République islamique d’Iran. Préhistoire et Antiquité
Vase de la région de Jiroft, avec des bas-reliefs représentant des scorpions. L’Iran possède une des civilisations continues parmi les plus anciennes du monde. Des vestiges d’occupation humaine remontant au Paléolithique inférieur y ont été retrouvés au Balouchistan, dont certains — parmi les plus anciens — ont un âge estimé à ans. Au nord-ouest du pays, dans la région de la mer Caspienne, des vestiges datant du attestent de l’apparition d’une économie de production de biens au Mésolithique. Des sites néolithiques attestent que la pratique de l’agriculture remonte à 6 et 7000 ans dans la vallée de Gorgan, à Tureng Tepe, Yarim Tepe, et au centre du pays à Sialk II (près de Kashan)R. Ghirshman, Fouilles de Sialk près de Kashan, 1933, 1934, 1937, Paris, 1938.. Des objets de cuivre et des céramiques peintes remontant à l’âge du cuivre (il y a 4000 ans), ont été retrouvés en Susiane (province du Khuzestan) et à Sialk. Des recherches archéologiques commencent à peine à faire connaître des civilisations très anciennes comme la civilisation de Jiroft qui bâtit des villes il y a 5000 ans, soit bien avant les civilisations égyptiennes et grecques. Le début du voit apparaître une forme d’écriture, probablement dérivée du système sumérien, à Suse. L’Empire Élamite (précédé par la civilisation proto-élamite) établit un nouveau pouvoir régional dans le sud-ouest de l’Iran, et concurrence les empires voisins de Babylonie et d’Assyrie. C’est au cours du second millénaire avant notre ère qu’arrivent sur le plateau iranien divers peuples iraniens, provenant d’Asie centrale. Au milieu du , les Mèdes, groupes de tribus établis au nord et au nord-ouest du pays, établissent leur pouvoir sur la région. À la fin de ce même siècle, les Mèdes et les Babyloniens se libèrent définitivement du joug assyrien en prenant Ninive en 612 av. J.-C.. C’est à la même période qu’apparaissent les premières sources mentionnant Cyrus I, roi d’Anshan, petit-fils d’Achéménès, fondateur du premier Empire Perse, celui des AchéménidesPierre Briant, Histoire de l’empire Perse, Fayard, Paris, 2003, 1247 p. ISBN 2-213-59667-0 p.39. Les ruines des palais des Achéménides, Persépolis Achéménides
Despotes éclairés, les Achéménides construisent un immense empire s’étendant de l’Inde à l’Égypte, organisé en satrapies reliées entre elles par un immense réseau routier. Le cylindre de Cyrus est la première trace écrite d’une déclaration des Droits de l’Homme, datant de Cyrus II Shapour Suren-Pahlav Iran Chamber (consulté le 10 octobre 2006). La dynastie achéménide établit des capitales à Pasargades, Persépolis, Suse et Ecbatane. Leur règne est marqué par les Guerres médiques les opposant aux Grecs. L’empire perse décline après le règne de Xerxès I et chute en 330 av. J.-C., conquis par Alexandre le Grand. Séleucides
Les généraux d’Alexandre établissent la dynastie des Séleucides, qui s’effondre à son tour en 60 av. J.-C., le dernier reliquat de l’empire, en Syrie étant transformé en province romaine par Pompée. L’empire Parthe (aussi appelé Arsacide), fondé par Arsace et Tiridate en 250 av. J.-C., leur succède jusqu’en 224, quand le roi Artaban IV est défait par un de ses vassaux perses. Une nouvelle dynastie naît : les Sassanides, qui donnent naissance au second empire perse (226 - 651). Sassanides
Les Sassanides furent les premiers à appeler leur empire Iranshahr ou Eranshahr . Il s’agit d’une des périodes les plus importantes de l’histoire de l’Iran : la civilisation perse s’accomplit dans de nombreux domaines, et influence considérablement le monde romain, les deux empires étant perpétuellement en guerreA. Grabar, « Le rayonnement de l’art sassanide dans le monde chrétien », La Persia nel Medioevo, Rome, 1971, pp. 679-707.. L’influence culturelle atteint l’Europe occidentale, l’Afrique, la Chine et l’Inde, et continue durant la période islamique Abdolhossein Zarinkoub, Ruzgaran: tarikh-e Iran az aghz ta saqut saltnat Pahlvi, Sukhan, 1999. ISBN 964-6961-11-8 - p. 305., M. M. Mango, « Byzantine, Sasanian and Central Asian Silver, Kontakt zwischen Iran, Byzanz und der Steppe » in 6-7. Jh., ed. Cs. Balint, Varia Archaeologica Hungarica, IX, Budapest, 2000, pp. 267-284.. Période islamique
La conquête de l’Iran commence en 637, avec Abû Bakr. Après avoir occupé Ctésiphon, capitale de l’empire, les musulmans battent l’armée sassanide à Nahavand en 641-642. L’Iran est ensuite rapidement conquis. La conversion à l’islam est progressive jusqu’au . L’Iran a été islamisé, mais n’a jamais été arabisé, contrairement aux autres régions conquises par le califat , Bernard Lewis, Moshe Dayan Center for Middle Eastern and African Studies, Université de Tel Aviv, 2001. Les persans ont même réussi à se distinguer au sein de l’Islam, et l’apport culturel, politique et même religieux des iraniens à l’Islam est d’une importance fondamentale. Carte de l’Iran vers l’an 1000. Au , le Khorassan se rallie à la doctrine dissidente du chiisme et s’émancipe de la domination arabe. Une révolte renverse la dynastie Omeyyade, installant les Abbassides à Bagdad en 748 , C. E. Bosworth, Encyclopaedia Iranica (consulté le 1/10/2006). Le pouvoir des califes diminue progressivement, et plusieurs dynasties régionales émergent en Iran entre 820 et 1005, dont les Samanides. Ces derniers rivalisent avec Bagdad, et créent d’importants foyers de vie intellectuelle. Outre la culture arabe classique, ils favorisent l’éclosion de la littérature persane et accordent leur protection à des penseurs. En 962, la dynastie Ghaznévides s’installe à Ghazna et régne du Khorasan au Panjâb. C’est sous le patronage de Mahmûd de Ghaznî que Ferdowsi écrit en persan le Shâh Nâmâ (signifiant "Le livre des Rois"), poème épique qui recueille les histoires de la mythologie perse« Ghaznavids », C.E. Bosworth Encyclopaedia Iranica (consulté le 2/10/2006). Un groupe turc, les Seldjoukides, arrive dans la région au . Les Ghaznévides, puis les Samanides, sont défaits. L’Iran connaît une renaissance culturelle et scientifique. L’observatoire d’Esfahan est créé, où Omar Khayyam met au point un nouveau calendrier qui introduit l’année bissextile : le calendrier persan, encore utilisé aujourd’hui. Cette époque voit aussi une production artistique très riche : l’Art des Saljukides d’Iran. Après les Seldjoukides, l’Iran est encore dirigé par des petites dynasties locales avant d’être envahi par les Mongols de Gengis Khan en 1219. Le pays est dévasté et l’invasion est désastreuse pour la population« Mongols », Peter Jackson, nov. 2002, Encyclopaedia Iranica. La destruction de nombreux qanats (un système d’irrigation traditionnel performant) détruit le réseau d’habitat. Les villes sont détruites et remplacées par des oasis isolées, la démographie chute et le pays se tribalise. De petites dynasties locales se mettent en place après la fin de la première période mongole en 1335. Mais rapidement, le pays est de nouveau envahi : Tamerlan (ou Timur, d’origine turque ou mongole), conquiert la totalité de l’Iran, et en devient l’empereur en 1381. L’empire Timouride dure jusqu’en 1507 : les Chaybanides prennent Samarcande tandis que les Safavides reconquièrent une bonne partie du territoire iranien à partir de l’Azerbaïdjan iranien. Mise en place de l’État iranien moderne
L’Iran se convertit au chiisme duodécimain au siècle, sous l’impulsion d’Ismail I, premier souverain Safavide. Cette conversion résulte d’une volonté de s’affirmer face à la domination des Ottomans sunnites et de créer une identité iranienne spécifique. La conversion est obligatoire, sous peine de mort Ehsan Yarshater, , Encyclopædia Iranica, 2006. Intérieur de la mosquée du Sheikh Lutfallah, Ispahan L’apogée des Safavides est atteinte sous Shah Abbas I le Grand. Le pays est pacifié, son territoire étendu et son administration centralisée. Son règne est aussi un âge d’or pour le commerce et les arts (accueil de commerçants et d’artistes étrangers, développement de la production de tapis, construction d’Ispahan, etc.). Une invasion de l’Iran par des tribus afghanes met un terme à la dynastie des Safavides. La suprématie afghane est assez brève. Tahmasp Quli, un chef de tribu Afshar, chasse les Afghans et prend le pouvoir en 1736 sous le nom de Nâdir Shâh. Tout le territoire iranien est repris, depuis la Géorgie et l’Arménie jusqu’à l’Afghanistan. Des campagnes militaires sont même menées jusqu’à Delhi en 1739. Nâdir Shâh est assassiné en 1747 par d’autres chefs Afshars. Carte de l’État Safavide, XVIème, XVIIème, XVIIIème siècles. Le pays est ensuite la proie de luttes tribales pour la conquête du pouvoir : Afshar, Afghans, Qajars et Zands se battent. Karim Khan Zand réussit à réunifier presque tout le pays en 1750. Il refuse de prendre le titre de Shah et préfère se nommer Vakil ar-Ra’aayaa (« Le Régent des paysans »). Sa mort en 1779 est encore suivie de luttes. C’est finalement Agha Mohammad Shah Qajar qui prend le pouvoir en 1794, établissant une dynastie qui dure jusqu’en 1925. Sous les règnes de Fath Ali Shah, Mohammad Shah, et Nasseredin Shah, le pays retrouve ordre, stabilité et unité. Les marchands (bāzāris) et les Oulémas (chefs religieux) deviennent des membres importants de la société iranienne. Cependant, l’autorité centrale est plutôt faible, la classe dirigeante relativement corrompue et le peuple exploité par ses dirigeants. Les puissances coloniales russe et britannique tirent parti de cette situation : grâce à leur supériorité militaire et technologique, elles dominent le commerce de l’Iran et interfèrent dans les affaires internes du pays. Révolution constitutionnelle et modernisation de l’Iran
Groupe de révolutionnaires à Tabriz. Au centre : Sattar Khan et Bagher Khan. Les premières tentatives iraniennes de modernisation commencent sous Nasseredin Shah. Le système fiscal est réformé, le contrôle central sur l’administration est renforcé, le commerce et l’industrie sont développés. L’influence du clergé chiite et des puissances étrangères se réduisent. La montée de la colère populaire et une demande de réforme mènent le pays à la révolution constitutionnelle de 1906. L’Iran devient le premier pays moyen-oriental à faire une révolution et à se doter d’une constitution. La Première Guerre mondiale voit grandir l’influence des Britanniques, déjà intéressés par la découverte de pétrole dans le Khuzestan en 1908. Ils essaient d’imposer l’accord anglo-persan en 1919, qui est refusé par le parlement. Reza Khan Mir Panj, devenu Reza Shah Pahlavi. Peu de temps après, un coup d’État fait changer le pouvoir de main, au profit d’un officier, Reza Khan, qui devient quatre ans plus tard Reza Shah Pahlavi. Au moyen d’un gouvernement centralisé et fort, il modernise l’Iran : développement d’industries lourdes, projets majeurs d’infrastructures, construction d’un chemin de fer national, création d’un système public d’éducation nationale, réforme de la justice (jusque là contrôlée par le clergé chiite), création du code civil iranien, amélioration de l’hygiène et du système de santé. Les droits spéciaux accordés aux étrangers pendant l’époque Qajar sont annulés pour diminuer la dépendance vis à vis de la Grande-Bretagne et la Russie. Le 21 mars 1935, la communauté internationale est officiellement sommée de ne plus utiliser le nom Perse mais Iran (nom local depuis les Sassanides). Interdiction du port du voile pour les femmes et obligation de porter un habit « à l’occidentale » pour les hommes sont décrétés la même année. Majles à Téhéran le 19 août 1953. Inquiets de ses rapprochements avec l’Allemagne, les Britanniques forcent Reza Shah à abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza Pahlavi en 1941. Reza Shah est envoyé en exil et meurt en 1944. L’occupation du pays a été d’une importance vitale pour les Alliés. Ayant déclaré la guerre à l’Allemagne en 1943, l’Iran se rapproche des puissances occidentales. La même année, la conférence de Téhéran voit Churchill, Roosevelt et Staline réaffirmer leur engagement sur l’indépendance de l’Iran, qui devient rapidement membre des Nations Unies. En décembre 1945, bénéficiant du soutien de l’Union soviétique, le Gouvernement du peuple d’Azerbaïdjan et la République de Mahabad déclarent leur indépendance dans les régions de l’Azerbaïdjan iranien et du Kurdistan iranien. Des parties du Khorasan, du Gorgan, du Mazandaran et du Gilan sont occupées par les troupes soviétiques : la crise irano-soviétique, première de la guerre froide, se termine en décembre 1946 avec l’effondrement des gouvernements républicains ayant perdu le soutien de l’URSS. Mohammad Mossadegh, figure emblématique de la nationalisation du pétrole. En 1953, le premier ministre Mohammad Mossadegh nationalise le pétrole. Il est alors éloigné du pouvoir à la suite d’un complot orchestré par les services secrets britanniques et américains, opération Ajax. Après sa chute, Mohammad Reza Shah Pahlavi met en place un régime autocratique et dictatorial fondé sur l’appui américain. En 1955, l’Iran appartient au pacte de Bagdad et se trouve alors dans le camp américain pendant la guerre froide. Mohammad Reza Shah modernise l’industrie et la société grâce aux revenus très importants du pétrole et à un programme de réformes nommé la Révolution blanche. L’Iran entre dans une période de prospérité fulgurante et de modernisation accélérée mais la société, bouleversée dans ses racines, souffre du manque de liberté. Mohammad Reza Shah, dernier représentant de la monarchie. Révolution iranienne et république islamique
Après des mois de protestations populaires et de manifestations contre son régime, Mohammad Reza Pahlavi quitte l’Iran le 16 janvier 1979. Le 1979, Rouhollah Khomeini revient en Iran après un exil de 15 ans. Après la proclamation de la neutralité des forces armées dans la révolution, Khomeini déclare la fin de la monarchie le 11 février et met en place un gouvernement provisoire. Il existait une grande jubilation en Iran autour de la destitution du Shah, mais il existait aussi beaucoup de désaccords sur le futur de l’IranIbrahim, « Jubilation, Anarchy and Sadness Mix as Tehran Erupts in Frenzy », New York Times, 12/02/1979, p. 1. Alors que Khomeini était la figure politique la plus populaire, il existait des douzaines de groupes révolutionnaires, chacun ayant sa propre vue concernant le futur de l’Iran. Il y avait des factions libérales, marxistes, anarchistes et laïques, ainsi qu’un large panorama de groupes religieux cherchant à modeler le futur de l’Iran. Les théologiens sont les premiers à rétablir l’ordre dans le pays, avec l’aide des comités locaux. Connus sous le nom de Gardiens de la Révolution à partir de mai 1979, ces groupes ont vite pris le pouvoir dans les gouvernements locaux dans tout l’Iran, et récupèrent ainsi la plupart des pouvoirs. Les tribunaux révolutionnaires mis en place permettent l’élimination de figures de l’ancien régime et des opposants de tous bords. Finalement, à l'issue d'un référendum organisé le 1979, une république islamique est instaurée, à la tête de laquelle Khomeini devient le guide suprême. Mohammad Khatami. La crise iranienne des otages (occupation de l’ambassade des États-Unis à Téhéran entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981 et prise en otage de ses personnels) pousse l’administration Carter à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, puis à imposer des sanctions économiques le 7 avril 1980. Le 22 septembre 1980, profitant de la faiblesse des forces armées iraniennes qui subissent des purges du nouveau régime islamique , Mark Roberts, McNair Paper 48, Institute for National Strategic Studies, janvier 1996, l’Irak envahit l’Iran. La politique officielle des États-Unis cherche à isoler l’Iran. Les États-Unis et leurs alliés fournissent des armes et de la technologie à Saddam Hussein, qui a pour objectif de s’emparer des champs de pétrole du Khuzestan , John R. Bradley, The Washington Quarterly, hiver 2006-2007. Ironiquement, des membres de l’administration Reagan vendent secrètement des armes et des pièces détachées à l’Iran dans ce qui est connu sous le nom de affaire Iran-Contra. L’Iran accepte de respecter le cessez-le-feu exigé par la résolution 598 du conseil de sécurité de l’ONU le 20 juillet 1987. Le 15 août 1990, Saddam Hussein accepte de revenir aux accords d’Alger de 1975 : retour à un statu quo ante. Après la mort de Khomeini le 3 juin 1989, l’assemblée des experts choisit le président sortant, Ali Khamenei comme Guide de la révolution. La constitution est modifiée suite à son arrivée au pouvoir. Pendant la Guerre du Golfe en 1991, le pays reste neutre (il permet toutefois à l’aviation irakienne de se poser en Iran et aux réfugiés irakiens de pénétrer son territoire). La révolution suivie par la guerre avec l’Irak a beaucoup pesé sur l’économie du pays, ce qui conduit des pragmatiques comme Hachemi Rafsandjani à devenir président en 1989 puis 1993. L’échec des politiques économiques et de la modernisation de l’état iranien voit l’élection de Mohammad Khatami, un religieux modéré, en 1997. Celui-ci doit mener le pays entre les exigences d’une société demandeuse de réformes et d’un clergé très conservateur qui souhaite garder la mainmise sur le pouvoir. Ce décalage atteint son paroxysme en juillet 1999, où des protestations massives contre le gouvernement ont lieu dans les rues de Téhéran. Khatami est réélu en juin 2001 mais, après cela, les éléments conservateurs du gouvernement iranien œuvrent pour déstabiliser le mouvement réformateur, bannissant les journaux libéraux et disqualifiant les candidats aux élections parlementaires et présidentielle. L’échec de Khatami à réformer le gouvernement cause une apathie grandissante parmi la jeunesse. Le maire ultra-conservateur de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad est élu président en 2005 (plus de 1000 candidatures sont invalidés par le Conseil des Gardiens). On observe alors un durcissement du discours nationaliste par le président, qui vise ainsi à asseoir la légitimité du programme nucléaire iranien et les décisions de politique étrangère malgré l’opposition américaine. Voir aussi : Liste des dirigeants de l’Iran Le peuple et sa culture
Démographie
Densité de population par province en Iran. FAO, 2005). Population en milliers d’habitants. La démographie iranienne a été complètement bouleversée au cours du . La population est estimée à 70 millions en 2006 alors qu’elle était de 10 millions au début de ce siècle. Cependant, il apparaît que l’Iran a récemment maîtrisé son très fort taux de fécondité grâce à un planning familial efficace, passant de 5 enfants par femme en âge de procréer à la fin des années 1970 à 1, 82 aujourd’hui. , Akbar Aghajanian, Asia-Pacific Population Journal, Vol. 10, No. 1 (1995), pp. 3-20 Toutefois, la population continue à croître à rythme élevé (1% par an) , IRNA cité par payvand.com, 02/08/2004 , , ONU (2000-2005) : en effet, de la faible proportion de personnes âgées — 5% de la population a 65 ans et plus — résulte un faible taux de mortalité (5, 5‰); la forte proportion de personnes en âge de procréer explique le taux de natalité soutenu (17‰). À terme, le vieillissement de la population devrait tendre à faire baisser la natalité, de sorte que la population se stabiliserait au-dessus de 80 millions d’habitants en 2050 , US Census Bureau, 24/08/2006 . Le solde migratoire est faible (-0, 5‰). La répartition géographique de la population a aussi connu un bouleversement : les urbains formaient environ 10% de la population iranienne au début du , ils sont 67% en 2006. L’urbanisation est continue : le taux de croissance démographique des villes est de 1, 8% par an tandis que les zones rurales perdent annuellement 0, 7% de leur population , ONU (2004). Le taux d’alphabétisation est de 80% chez les plus de 15 ans. La durée moyenne de scolarisation est de 12 ans , ONU (2001/2002). Données synthétiques
| border="0" style="width: 100%" cellpadding=0 cellspacing=0 |+ |- valign="top" | width="33%"| | width="33%"| | width="33%"| Indicateurs sociaux|width=100% | nom= Autres indicateurs sociaux | image1= | image2= | alphabétisation= 79, 4 | hommes= 85, 6 | femmes= 73, 0 | école= 12 | SIDA=